IMMERSION DANS LE QUOTIDIEN DES ALCHIMISTES :
Nourrir les sols en s’inspirant du cycle naturel ancestral, recréer cette odeur de sous-bois automnal et redonner à la terre ce que l’on lui a pris.
Notre aventure au royaume des bio déchets !
Pour en savoir plus sur les solutions de revalorisation qui pointent le bout de leur nez, notre aventure au royaume des bio déchets (tant ménagers que ceux des professionnelles) prend place au centre de compostage des Alchimistes !
Notre équipe, composée de deux vidéastes, un perchiste, un ingénieur son et un joyeux luron qui se pose pas mal de questions, est tout de suite intriguée par les mélanges d’odeurs s’émanant des différentes « cellules » remplis de matière en décomposition !
C’est ici que la magie des alchimistes s’opère, « bien aider par la nature, les bactéries et les champignons » nous confie Gaetan Lepoutre, directeur associé de la structure.
Leurs missions ? Aborder le déchet sur toute la ligne !
Avant de se livrer sur les rouages de leur métier de composteur, Gaétan nous explique que les alchimistes sont en premier lieu un acteur de « sensibilisation ».
Leur première action est d’agir de concert avec les associations, ONG, collectivités, et entreprises partenaires qui œuvrent à réduire le gaspillage alimentaire.
Ces déchets sont ceux que l’on pourrait éviter, et que l’on retrouve à toutes les étapes de la chaîne alimentaire « production, transformation, distribution, et consommation ».
Selon une étude de l’ADEME, côté particulier, ce serait l’équivalent de 30 kg par personne et par an. À la manière d’un célèbre slogan qui s’adapte et épouse en grande partie la vision des Alchimistes, le meilleur détritus, c’est celui que l’on ne créée pas.
Elle est complétée par un autre objectif, celui de « nourrir les sols ». Le sol, ce système vivant qui a besoin d’intrants à force de puiser dedans. Il nous conte son cycle naturel ancestral, et nous transporte avec lui dans la forêt, « où les feuilles cassent, les arbres morts tombent », c’est cette matière qui se dégrade en humus et vient approvisionner le sol.
« Ce n’est pas ce qu’il se passe en ville, ni en agriculture », l’objet social des alchimistes ? « Recréer ce cycle naturel, en venant apporter ces éléments à la surface du sol ».
Le compost vs les engrais !
À rebours des fameux NPK (azote, phosphore et potassium), éléments qui composent la majorité des engrais utilisés en agriculture, et qui viennent avoir un effet de « perfusion » de la plante pour l’alimenter de sels minéraux, les alchimistes le font avec du compost.
C’est amendement, composé des intrants nécessaires pour nourrir directement le sol, se réalise au plus proche des lieux de productions des déchets. Et puis lui, il ne risque pas d’être lessivé par la pluie, et venir polluer nos rivières, nos océans, ainsi qu’à terme nos nappes phréatiques !
Le processus de dégradation, du déchet au compost !
Concrètement, comment on passe de cette épluchure d’orange, de ce bout de viande non-consommable, à cette matière au doux parfum de sous-bois ?
Pour cela, plusieurs étapes cruciales sont nécessaires.
En premier lieu, les équipes opérationnelles procèdent à la notation du tri qui leur est apporté. À la manière d’un jury impartial dont pourrait s’inspirer l’épreuve de boxe aux JO, chaque poubelle est vérifiée, et annotée. Aujourd’hui, ce jury atteste d’une qualité de tri de 87 %, et fait remonter constamment les informations, pour que ce chiffre s’améliore, et que des actions de sensibilisations au tri se mettent en places là où cela est nécessaire.
Une fois cette étape réalisée, les déchets sont broyés en petits morceaux, et mélangés à de la matière organique sèche (copeaux de bois). Ceux-ci proviennent essentiellement des chantiers d’élagage de la ville de Lyon. Ce mélange permet d’apporter de la structure et une partie carbonée, composants indispensables pour donner ce que Gaétan nomme « le prêt-à-composter ».
Cette substance est ensuite transportée dans des cellules extérieures, pour initier le processus de décomposition. Une synergie bien réglée se met en œuvre, entre actions humaines (ré oxygénation, retournement de la matière) et actions naturelles (travail des bactéries, des champignons).
Pendant 4 à 6 mois, la matière va chauffer naturellement jusqu’à 70°C (processus d’hygiénisation), se dégrader, perdre en température, pour finalement donner cette matière prête à être utilisée.
Consciencieux dans leur métier de composteur, les alchimistes expédient continuellement des échantillons en laboratoire pour vérifier la qualité du compost, avant son utilisation.
L’utilisation finale de cet « or vert » !
D’abord pour aider à la végétalisation des parties urbaines, qui nécessitent cet amendement (jardins partagés, parcelles, parcs etc…), ensuite pour venir nourrir les sols des maraîchers urbains, et enfin pour permettre aux agriculteurs péri-urbains, ceux-là même à l’origine du déchet que l’on n’a pas mangé, de venir nourrir leurs sols.
Le chemin qui reste à parcourir !
Chaque année, les métropolitains lyonnais (particuliers comme professionnels) émettent aux alentours de 200 000 tonnes de bio déchets (épluchures, gaspillage alimentaire…)
Côté ménage, ce sont quelque 130 000 tonnes de déchets organiques qui sont générés par an, soit l’équivalent de 30% de nos poubelles grises individuelles !
Aujourd’hui sur notre métropole, ces déchets sont majoritairement incinérés ou enfouis…
Sans parler des ressources nécessaires pour amener ces déchets jusqu’aux incinérateurs, il semble logique de questionner la pertinence de brûler ces bio déchets qui sont composés à 80 % d’eau !
Cela revient à consommer du pouvoir calorifique de l’installation, en utilisant de l’énergie pour brûler cette matière, qui en prenant feu dégage du CO2 et de l’énergie. Donc produire une pollution à partir d’éléments qui pourraient finalement être utile de base…
Concernant l’enfouissement, cette solution, d’une part non-satisfaisante puisque non revalorisant, semble aussi incompatible avec nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Puisqu’enfouir cette matière organique non traitée dans le sol génère du méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 25 fois plus puissant que celui du CO2 !
La métropole de Lyon à initier une expérimentation sur le 7ème arrondissement, concernant 80 000 habitants. L’objectif ? Leur permettre d’accéder à une solution simplifiée de pour revaloriser leur bio déchets, que les alchimistes récupèrent pour transformer en compost.
On estime qu’un individu produit 85 kg de bio déchet par an.
Dans le meilleur des mondes, celui où tout le monde fait le tri et utilise cette solution, l’expérimentation pourrait permettre de revaloriser 6 800 tonnes. Les alchimistes se sont donnés comme objectif celui de 2 000 tonnes pour commencer !
Si cette expérimentation se révèle concluante, il est envisagé de déployer ces actions à l’ensemble des arrondissements lyonnais. De quoi s’attaquer aux 200 000 tonnes produites chaque année, et réduire l’activité de nos incinérateurs.
En attendant notre épisode du web-documentaire, n’hésitez pas à écouter notre podcast sur les alchimistes, disponible ici :
https://podcast.ausha.co/lecercle/6-gaetan-le-poutre-cofondateur-des-alchimistes
SOURCES :
https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/2435-etat-des-lieux-des-masses-de-gaspillages-alimentaires-et-de-sa-gestion-aux-differentes-etapes-de-la-chaine-alimentaire.html
https://www.zerowastefrance.org/demarche-zero-waste/composter-et-trier-les-biodechets/
https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets
https://zerodechetlyon.org/biodechets-lyon/
https://alchimistes.co/compost-lyon/
publié le 24 nov. 2021, 13h43 – rédigé par TB
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