Une micro-ferme de 600 mètres carrés, ancrée dans le paysage urbain. Des légumes ultra-frais et de saison, et un bastion pour la biodiversité et la lutte contre l’imperméabilisation. :
En 2020, Philippe et Nicolas ont tous les deux effectué une bifurcation sur leur chemin professionnels. En quête de sens, ils ont associé leurs compétences, affûté leur savoir-faire, et s’attèlent maintenant à nous compter un nouveau récit, entre lignes de tramway, city-stade et immeubles. Une micro-ferme en plein cœur du quartier des états-unis. Et si le futur de nos cités rimait avec service écosystémique et corridor de biodiversité ?
Le projet :
En juillet dernier, notre équipe de tournage a été accueillie dans cet espace atypique. Tout juste débarqués du tramway, nous prenons place au sein de la ferme urbaine du 8ème cèdre.
Ce projet dont les premières graines ont été plantées en juillet 2020 est co porté par le bailleur GrandLyon Habitat et l’entreprise coopérative Place au Terreau. Un espace solidaire d’agriculture urbaine, qui allie production et vente de légumes en circuits ultra-court, transmission de connaissances autour de l’agro-écologie, le cadre de vie et l’alimentation durable, ainsi que préservation de la biodiversité.
Nous avions rendez-vous avec Philippe et Nicolas, les deux trentenaires devenus maraîchers urbains, et ayant choisi la reconversion professionnelle pour allier raison d’être et gagne pain.
Entre éclats de rires et moments sérieux, ils nous expliquent en détail leur quotidien, nous livrent leur ressentis, et ne se cachent pas de l’oxymore que peut représenter pour l’opinion populaire le terme d’agriculture urbaine. Bien au contraire, une pointe de fierté pétillent dans leur rétines, ces deux fermiers urbains nous comptent là un nouveau récit contemporain, qui concilie modèle économique viable, production locale et de saison, îlot de fraîcheur, liens et connexions avec les citadins !
Leur objectifs ? « Montrer que l’on peut vivre du maraîchage sur des espaces urbains restreints (…) prouver que la ville pourrait être massivement végétalisée sans avoir besoin d’apports financiers extérieurs comme un espace vert. Un espace maraîcher peut être durable économiquement avec le seul travail du maraîcher (…) l’envie de convaincre les promoteurs et les urbains qui veulent se reconvertir que c’est possible. »
Avec ce projet devenu concret, le récit prend forme, l’agriculture urbaine n’en est maintenant plus simplement cantonnée à la simple figure de style, elle est devenue support de culture, support social, et support de recherches à part entière !
De parcelles de maraîchage, aux jardins partagés, en passant par la réhabilitation de friches urbaines ainsi que la constitution de trames vertes et corridors pour la biodiversité, la ville de demain se pense sous nos yeux et ce conte utopique pourrait bien devenir la norme de demain.
Le contexte actuel :
Dans un contexte où l’artificialisation des sols avale, tous les dix ans, la surface d’un département. Où quelques 20 000 à 30 000 hectares disparaissent chaque année, avec un impact notable sur le cycle de l’eau, l’habitat naturel de la biodiversité, et l’action humaine sur le climat.
CYCLE DE L’EAU →
- une augmentation et une accélération des ruissellements pluviaux susceptibles d’aggraver les pics de crues.
- une diminution de l’infiltration naturelle de l’eau dans le sol, donc des possibilités de réapprovisionnement des nappes phréatiques.
- une diminution du pouvoir filtrant et épurateur des sols, susceptible d’aggraver le transfert des polluants vers les nappes et les cours d’eau.
BIODIVERSITÉ →
- 25% des espèces vivantes se situent dans le sol. Un seul gramme de sol contient quelques milliards de cellules bactériennes et des centaines de mètres de filaments de champignons. En artificialisant nos sols, nous dégradons voir détruisons cette biodiversité encore méconnue.
- La fragmentation des habitats naturels et des corridors biologiques
CLIMAT →
- Les sols constituent un tampon naturel pour le carbone. Ils contribuent à la régulation des gaz à effet de serre. Par ailleurs, imperméabiliser nos sols revient à favoriser l’installation de “microclimats” artificiels que l’on nomment “îlots de chaleurs urbains”.
L’Agriculture Urbaine, nouveau récit contemporain :
L’écriture de ces nouveaux récits semble indispensable. Considéré comme une utopie écologique citadine, les paragraphes de ce nouveau livre urbain se dessinent sous nos yeux.
Et même si le sommaire en fait apparaître des limites, des problématiques ou zones d’ombres à clarifier :
- L’impossibilité de nourrir plus de 10% de la population d’une métropole, tant bien même l’agriculture urbaine serait massivement déployée.
- Des prix plutôt élevés, puisque acheter une tomate à l’autre bout du monde dans notre époque contemporaine est plus “économique” que celle produite à quelques kilomètres.
- Des produits essentiellement à forte valeur ajoutée, telles que les plantes aromatiques ou médicinales qui sont les plus attractifs, mais ne constituent pas une source d’alimentation suffisante
Nous pouvons d’ores et déjà en constater les bienfaits :
- Reconnexion des urbains au monde rural.
- Consommation de produits de meilleure qualité.
- Sensibilisation sur ce que l’on mange, sur le monde rural (notamment via le cycle des saisons et les fruits et légumes adaptés).
- Démarche scientifique de développement de ce modèle réaliste, rentable, et productiviste.
Sources :
https://www.aurba.org/wp-content/uploads/2015/06/Impermabilisation_des_sols.pdf
https://reporterre.net/L-agriculture-urbaine-pourrait-nourrir-10-des-populations-des-villes
https://agroparistech-service-etudes.fr/lagriculture-urbaine-une-filiere-davenir/
http://www.donnees.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lesessentiels/essentiels/sol-biodiversite.html
https://www.gouvernement.fr/indicateur-artificialisation-sols
https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols