Le mouvement des Licoornes : Découverte de Telecoop, un réseau mobile virtuel engagé

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Dans le cadre de notre série sur le mouvement des Licoornes, qui fédère 9 structures pour entreprendre autrement, de la mobilité à la finance : zoom sur la SCIC Telecoop. Une structure qui entend réenchanter la raison d’être du marché des télécoms.

À l’heure d’un déploiement unilatéral du réseau national 5G contesté, des entrepreneurs se retroussent les manches pour proposer une autre vision du numérique. Telecoop, une jeune pousse en statut coopératif s’insère dans le monde des opérateurs de télécoms. Elle prône une quête de sobriété, avec comme raison d’être la remise en question du tout illimité, conciliée à une gouvernance partagée.

Le rapport du Shift Projet, état des lieux de l’impact environnemental du numérique

À l’heure du tout numérique, d’un usage démultiplié et de nouvelles technologies et modes de travail au service d’une agilité plus fluide, quel constat peut-on déjà tirer de l’impact de ce secteur sur notre environnement ?

Le think tank The Shift Project, avec sa note d’analyse sur l’impact environnemental du numérique et notamment le déploiement de la 5G, nous en propose un état des lieux. 

  • Le secteur du numérique serait responsable, en 2019, de 3,5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondial, et de 2% de l’empreinte au niveau national
  • Le taux de croissance annuel des émissions de GES du numérique serait de 6%, ce qui l’amènerait à représenter dès 2025 plus de 7% des GES.
  • À ce jour, la phase de production des équipements est celle qui est la plus émettrice. Elle représentait en 2019 près de 40% de l’empreinte carbone totale du secteur (ex : pour un smartphone conservé 2 ans, plus de 80% de son empreinte carbone serait lié à sa fabrication). 
  • Ces tendances sont insoutenables et incompatibles avec le respect des accords de Paris, et il s’avère crucial de reprendre la main sur l’évolution de cette empreinte. 

Un immense défi incombe aux générations actuelles. Le devoir de limiter l’empreinte carbone de tous les secteurs, dont celui du numérique, en pleine expansion, dans un contexte où les ressources en métaux rares s’amenuisent. 

Face à cette urgence, le Shift propose une refonte de notre vision de ce secteur à travers un plan d’action. 

 

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Ce plan d’action semble être pris en compte ; en témoigne le nouveau rapport du gendarme de ce marché, l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des postes et de la distribution de la Presse) “pour un numérique responsable” , autorité étatique indépendante. Ce rapport se termine par 11 préconisations que l’ARCEP souhaite mettre progressivement en place. Elles se déclinent sous 3 catégories :

  • mieux connaître et surveiller l’empreinte écologique des différents maillons et acteurs du numérique en dotant la puissance publique d’instruments de pilotage solides et partagés.
  • Intégrer, pour ce qui est du périmètre de la régulation des télécoms, l’enjeu environnemental dans les choix de régulation.
  • Accroître les incitations des agents économiques à maîtriser leurs impacts (fournisseurs et utilisateurs).

Ces différents ordres de grandeur, ce constat tiré par le ShiftProject (non questionnés dans cet article), et les préconisations de l’ARCEP semblent la façon la plus pertinente de présenter la raison d’être de Telecoop, et plus largement celle des Licoornes. 

La genèse du projet ?

C’est par le biais d’un entretien avec Marion Graeffly, sa cofondatrice, que nous décortiquons plus longuement ce nouveau modèle. 

Après une formation en école de commerce et une expérience dans l’agro-alimentaire, Marion Greffy décide rapidement d’opérer une reconversion professionnelle en rejoignant le programme associé de l’association on–purpose, pour s’aligner avec l’intérêt collectif qui l’anime.

Elle croise alors la route de Pierre Paquot (cofondateur de Telecoop), avec qui elle se questionne et continue de façonner l’idée de faire naître une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) dans un secteur à dominance monopolistique.

Tout d’abord, qu’est ce qu’une SCIC ? 

Ce mode d’entrepreneuriat peu connu, représente aujourd’hui un petit milliers d’entités juridiques en France. 

Ce qui la différencie en premier lieu d’une entreprise classique, c’est la poursuite d’un objet social inscrit dans ses statuts. Ici pour Telecoop, l’accessibilité au réseau mais aussi la pleine maîtrise de son usage, puisque “le numérique est une ressource critique et stratégique dont nous sommes collectivement responsables”. La SCIC propose donc “un projet collectif et démocratique pour le gérer comme un bien commun”.

Mais c’est aussi et surtout les gardes-fous que ces sociétés s’imposent, pour éviter certaines dérives, telles que :

Comment fonctionne Telecoop ? 

Suite à l’ouverture des réseaux de télécommunications à la libre concurrence, et à l’image de nombreux opérateurs déjà fortement actifs sur le territoire, Telecoop a choisi de se greffer sur un réseau d’infrastructures déjà existant.

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Ce choix de mutualisation, en louant les services d’un opérateur, s’est fait sur plusieurs critères :

  • L’incohérence que représenterait la création de nouvelles infrastructures sur un territoire déjà largement fourni, qui déboucherait forcément sur des impacts environnementaux conséquents. 
  • Les investissements nécessaires, tout aussi conséquents.
  • La vision même de Telecoop, qui milite pour que ces réseaux indispensables soient considérés comme un bien commun (à l’image de l’eau et de l’électricité)

C’est donc par les réseaux d’Orange que Telecoop assure ses services. Orange, un “opérateur puissant” selon les termes de l’ARCEP, qui propose la meilleure couverture nationale, et dont l’Etat Français possède 17% du capital. Un contrat entre ces 2 acteurs assure les engagements commerciaux.

Concrètement, Telecoop justifie une indépendance totale dans son fonctionnement, en commercialisant :

  • ses propres cartes SIM.
  • ses offres diversifiées.
  • sa propre gestion de la relation client, basée en France. 

C’est quoi leur proposition de services ? 

Telecoop développe simultanément 4 axes de services pour répondre à son objet social. 

À rebours de l’intérêt individuel de ce marché hyperconcurrentiel où la guerre des prix fait rage, Telecoop assume son positionnement et propose un nouveau récit par ses offres sur-mesures, où c’est l’usage du client qui fait le prix, pour tendre vers l’intérêt collectif. 

  • Par son service client en France, pour accompagner chacun dans sa vie numérique. Ainsi, ces conseillers proposent le diagnostic de l’usage du consommateur, de ce qu’il utilise au quotidien (application et détail), pour l’accompagner dans son envie de consommer différemment. Elle accompagne ses clients par “un parcours de mesure, de compréhension, et de reprise de contrôle du temps d’écran”.
  • Par sa posture. Sensible au fait que le matériel représente le cœur de l’impact, en tant qu’opérateur elle souhaite pousser les gens à garder leur outils digitaux le plus longtemps possible. Cette posture se traduit déjà par des partenariats anti-obsolescence programmée, allant des services de réparations à une offre commune avec Commown, qui propose la location de fairphone. Son crédo ? “le bon téléphone, c’est celui que l’on a déjà”. Elle propose des cycles de webinar pour expliquer ce qu’est la sobriété numérique, et va rendre accessible, à partir de son expérience, un guide des bonnes pratiques pour reprendre la main sur l’économie de l’attention.  

Elle prévoit aussi dès 2022 de continuer sa montée en puissance, et de devenir un fournisseur d’accès à internet à part entière.

Quel poids en tant qu’opérateur de réseau mobile virtuel aujourd’hui ?

Après un peu plus d’un an d’existence, la coopérative propose un premier bilan plutôt à son avantage. 

Avec 500 sociétaires qui ont rejoint l’aventure entrepreneuriale, et participent aux décisions collectives, “ces forces volontaires permettent d’asseoir les intuitions des entrepreneurs opérationnels”.

Avec 3300 usagers de ses services, elle semble avoir dépassé la preuve de concept, et peut déjà justifier de 5 emplois à temps plein.

Pourquoi rejoindre le mouvement des Licoornes ?

“Pour Telecoop”, explique Marion Graeffly, “rejoindre cette alliance de coopératives est un tremplin. Cette jeune SCIC peut en effet bénéficier d’apprentissage par ses pairs et s’inspirer de leurs histoires”. 

L’envie est “de faire système” (…) “, ce qui manquait à ces licoornes, c’était un opérateur télécom”. Avec ce mouvement, “un citoyen peut répondre à l’ensemble de ces besoins de vie quotidienne (…) et consommer uniquement parmi le mouvement des Licoornes”. 

Faire partie de ce groupement prend tout son sens pour la jeune pousse, puisque la responsable partenariat de Telecoop souligne que  “Les Licoornes, c’est un changement de paradigme, on ne parle plus aux gens en tant que consommateurs, on leur parle en tant que citoyen”. 

C’est la clé de voûte de ce réseau qui grandit ensemble : sortir du concept d’assouvissement de tous les besoins pour remettre en question sa consommation, par rapport à ses besoins réels. 

C’est également ce qui motive ces entrepreneurs à penser différemment, à penser la construction d’un service qui leur corresponde vraiment.

C’est aussi une croyance qui les unit, celle que lorsque les citoyens sont bien informés, avec un vrai niveau de lecture et de compréhension, ceux-ci sont alors capables de prendre des décisions courageuses, pour tendre vers un intérêt collectif.

Aller au-delà des croyances, la confrontation avec la réalité ?

Le crédo de ces Licoornes est audacieux dans un contexte qui semble pousser à tout l’inverse. En adoptant une pensée à contre-courant des tendances de fond, peuvent-elles être précurseurs ? 

Dans un monde multipolaire aux complexités foisonnantes, inventer les moyens et services qui permettraient de renverser le dogme de la poursuite de l’intérêt individuel semble loin d’être aisée, et pourrait même être qualifiée par plus d’un de naïveté. 

Pour autant, ces entrepreneurs en ont conscience. Ce nouveau récit proposé par un modèle économique concret a pour but d’influer un changement.

En s’unissant à travers ce mouvement, les Licoornes souhaitent rompre “un plafond de verre”, notamment sur l’accès aux financements, et opposer une alternative concrète aux décisions court-termistes actuelles, influant les choix éthiques, et se faisant très souvent en faveur de la maximisation de l’intérêt individuel.

Le défi est grand, l’urgence criante, les embûches nombreuses. Cette vision collective au service d’un bien commun qui prend forme peut-elle se transformer en norme ? Affaire à suivre…

 Auteur : Timothée BOURLIER, rédigé le 26 janvier 2022 à 15h

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Dans cette série d’articles, notre média vous propose de construire votre propre opinion sur les sociétés coopératives composant ce mouvement.

C’est via un entretien avec Marion Greffy (responsable partenariats) conduit par Mu’Ethik, et nos recherches et études des rapports de l’ARCEP et du Shift Project que nous avons découvert plus amplement les missions de Telecoop.

Pour aller plus loin :

Sources :

Le monde des télécoms :

https://www.arcep.fr/rapport-annuel/2021/

https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/rapport-pour-un-numerique-soutenable_dec2020.pdf

https://www.arcep.fr/larcep/nos-missions.html

https://theshiftproject.org/article/impact-environnemental-du-numerique-5g-nouvelle-etude-du-shift/

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/la-guerre-des-prix-ravage-les-telecoms-140115

comparateur de services et tarifications : https://www.echosdunet.net/dossiers/meilleur-reseau-mobile

Les offres Télécoop :

https://telecoop.fr/

https://telecoop.fr/plaidoyer

https://telecoop.fr/forfait

https://telecoop.fr/garder-son-mobile

https://partage.telecoop.fr/s/qgJJTwxiB3BAqgT

https://www.enercoop.fr/blog/actualites/nationale/impact-environnemental-numerique-voyage-en-sobriete-numerique-avec-telecoop-episode-1

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